Les chiffres du commerce extérieur de l’Office des changes sont encore une fois déprimants. Dans le total des 511 milliards de dirhams d’échanges, les exportations ont totalisé 164 milliards à fin novembre 2012. Maigre performance devant le déferlement des produits du reste du monde. Les exportations nous permettent à peine de payer 32% des importations. Et c’est une tendance persistante. Les importations augmentent toujours plus vite que les exportations. 7,5% pour les premières contre 3,1% seulement pour les secondes. Depuis que le creusement de cet écart a commencé, il ne s’est plus arrêté. Et pourtant, tous les gouvernements avaient promis de faire quelque chose pour renverser la tendance. On en est encore là, aujourd’hui. Je ne sais pas comment on doit le dire mais il faut bien reconnaître qu’aucune véritable politique du commerce extérieur n’a été vraiment mise en place. Les mesures ponctuelles qui ont été prises ont surtout porté sur des campagnes de promotion pour des produits déjà existants dont certains en fin de vie. Alors que le seul véritable projet à long terme devrait plutôt porter sur le tissu productif. Il faut tout changer. Et surtout, il faut créer et rassembler dans un même département les activités qui contribuent au développement de l’export : la recherche, l’industrie et le commerce extérieur. La recherche parce que les pays performants en matière de commerce extérieur vendent surtout de la matière grise. Dans un téléphone portable, il n’y a pas que le produit physique, il y a un grand nombre de brevets d’invention. Et donc d’intelligence. La preuve est que les iphones ont beau être produits dans des usines chinoises très peu regardantes sur les conditions de travail, c’est toujours le propriétaire de la marque qui gagne le plus. Sa marge sur chaque iphone produit en Chine est plus importante que celle du fabricant lui-même. Par conséquent, on peut toujours multiplier les voyages de promotion, on peut toujours faire toutes les foires du monde, on ne vendra pas plus. Le jour où on aura un super département de l’industrie, de la recherche et du commerce extérieur, on pourra peut-être dire qu’on a enfin compris les vrais défis. Aujourd’hui, on a l’impression que le commerce est géré avec ce détestable fatalisme qui nous dit : « Que voulez-vous qu’on y fasse ? Toutes les positions sont prises, il n’y a pas où mettre son petit doigt ». La Corée du Sud, l’Inde et la Chine auraient pu dire la même chose il y a à peine quelques années. Il n’y avait pas où mettre son petit doigt. Les voilà qui mettent tout le bras et cherchent toujours à faire plus. Conclusion s’il en faut une : dans le commerce extérieur, comme à la guerre, c’est une question mentale.